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vendredi 5 novembre 2010

Plan de déplacement : la mise en pratique doit s'appuyer sur les caractéristiques urbaines du site, sous peine d'échec

Les plans de déplacement permettent de gérer les flux de circulation qui parcourent la Ville. L'objectif est de faire de l'espace urbain un espace partagé par tous, piétons, voitures, transports en commun...
Cela nécessite une réelle détermination politique, ainsi qu'un savoir faire technique compliqué.
Capacité d'accueil des voies, reports de circulation, comportement des usagers doivent être évalués afin de parvenir à un équilibre délicat donnant à chacun sa place et libérant le centre-ville du tout voiture sans pour autant le rendre inaccessible.
Cependant, si le raisonnement reste théorique et oublie de s'appuyer sur la réalité physique, urbaine, des voies de circulation qu'il organise, il risque d'être voué à l'échec.

Ci-joint un exemple (ou contre-exemple) d'un raisonnement théorique parfait, qui se heurte à la réalité du terrain.



L'objectif, dans cette ville, était, entre autre, de délester le centre ville des flux de transit automobile tout en améliorant l'attractivité des transports en commun.



Deux voies permettant de relier le nord au sud de la Ville, il fut décidé de réserver, autant que possible, celle passant en centre ville, à l'est du plan ci-joint, aux transports en commun.

Pour ce faire, il fallut décourager les automobilistes d'emprunter cette voie, afin que les reports de circulation se fassent sur la voie ouest  (en orange sur le plan), en marge du centre-ville.
Il n'était cependant pas possible d'interdire purement et simplement aux voitures l'accès à la "voie est". En effet cette dernière dessert la gare ferroviaire de la ville.

Les mesures prises ont donc eu pour objectif de compliquer l'accès à la "voie est", afin que seules les personnes voulant se rendre à la gare l'empruntent.
Dans le même temps, cette voie permettait aux bus un accès direct au centre ville et leur était en partie réservée.

Théoriquement, le plan fonctionne de manière efficace...

Sauf qu'il néglige le fait que, dans la réalité, rien n'empêche physiquement l'automobiliste venant du nord de poursuivre sa route vers le sud.
Il n'y a en effet  pas d'immeuble ou autre construction venant visuellement séparer la voie des bus, qui peuvent aller tout droit, de celle des voitures, forcées de tourner à droite.
Pire, l'espace est si contraint qu'il a été impossible de construire une maçonnerie pour séparer artificiellement les deux voies, sous peine de gêner la giration des bus. Une simple variation dans la nature des sols (un triangle de pierres claires, voir photo ci-jointe)  indique donc aux automobilistes qu'ils doivent tourner à droite.

Le conducteur voit donc clairement qu'il lui suffit de s'engouffrer à la suite du bus, sur 20 petits mètres, pour passer de l'autre côté du "triangle interdit" et éviter un long détour...
Tous les "sens interdits" et autres "obligation de tourner à droite" n'ont pu le dissuader de prendre ce risque depuis la mise en oeuvre de l'aménagement et de son plan de circulation voilà 6 ans.
L'axe demeure donc très circulé et l'efficacité de l'aménagement et de l'avantage donné aux bus s'en trouve amoindri.

Cet exemple montre l'importance, lors de la conception du plan de déplacement urbain des collectivités, d'une concertation poussée entre spécialistes de la mobilité urbaine et professionnels de la Ville (architectes, urbanistes, paysagistes). On évitera ainsi une abstraction préjudiciable à la réussite du projet.

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